Le thérapeute peut-il parfois exprimer la reconnaissance qu'il ressent ?
- violette huault
- 23 juil.
- 2 min de lecture
La période estivale est un moment singulier. Elle marque une pause dans le rythme des accompagnements, un temps de suspension dans la continuité du travail.
C’est souvent dans ces temps de pause que je prends un moment pour réfléchir à cette mi-année écoulée. Cette fois, j’avais envie d’écrire sur la reconnaissance. Celle que je peux ressentir dans le contexte de la relation thérapeutique.
Ce que je reçois, aussi
On parle souvent de ce que la personne accompagnée reçoit en thérapie : un espace d’écoute, un soutien, un lieu permettant une élaboration de ce qui, jusque-là, restait impensé. Mais il y a aussi ce que je reçois.
Non pas au sens personnel ou affectif, mais dans ce que la relation permet d’ouvrir. Le courage à dire, à affronter, à se dévoiler avec honnêteté me touche. La persévérance, l’intelligence sensible, la capacité à tenir l’effort psychique du travail me mobilisent.
Ce n’est pas de la gratitude au sens social ou sentimental. C’est un mouvement interne, discret.
Une forme de reconnaissance pour ce qui, dans la relation, s’élabore — pour ce qui se construit séance après séance en termes de confiance, de lien thérapeutique.
Est-ce que je l’exprime ?
Parfois oui. Mais avec parcimonie. Avec soin. Dire à une personne que je suis touchée par son cheminement, que je reconnais la qualité de son engagement, peut avoir un effet contenant, soutenant — à condition que cela ne réponde pas à un mouvement personnel du thérapeute, mais s’inscrive dans le processus de la personne accompagnée.
J’ai appris à reconnaître les moments où quelques mots simples — « Je veux vous dire que je mesure le travail que vous faites ici » — peuvent s’inscrire dans le cadre, sans le rompre. Cela suppose d’avoir moi-même interrogé mes mouvements contre-transférentiels, d’avoir situé ce que j’éprouve dans un espace éthique.
Être là, pleinement, avec bienveillance et mesure
Je suis engagée dans la relation thérapeutique. Mais cet engagement se pense, se contient, s’ajuste. Il ne doit pas faire écran au travail de la personne accompagnée. Ma reconnaissance ne se dit que lorsqu’elle soutient ce travail, jamais lorsqu’elle vient parler de moi.
Au fond, il ne s’agit pas tant d’un merci que d’un regard qui reconnaît — avec discrétion, avec pudeur — ce qui se déploie dans l’espace thérapeutique.
Un geste de considération pour ce qui, à travers le cadre, est profondément humain.
Je souhaite à tous (accompagnés et l'accompagnante que je suis) une pause estivale propice à la sérénité et à l'expression de nos gratitudes.
Juillet 2025- Tous droits réservés - Violette Huault

Commentaires